Pour le sport

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Une assemblée du sport ou celle des actionnaires ?

La toute neuve  assemblée du sport se réduit in fine à un aréopage dont les gêneurs sont exclus. On est loin du « Grenelle du sport » envisagé. Le match « sport d’en haut » contre « sportifs d’en bas » est en cours… Qui le remportera ?   Ministre des sports depuis novembre dernier, Chantal Jouanno dit vouloir « tourner la page du sport-argent », mais favorise les noces en coulisses. Si, avec elle, le sport a retrouvé un ministère de plein exercice et une ministre qui le pratique, la karatéka pourrait bien être sa pire ennemie. À défaut de supprimer son service public, comme un rapport l’a préconisé, elle favorise discrètement l’entrée des intérêts marchands dans le sport.  De quel sport parle-t-on ? Inaugurée à son initiative le 29 mars dernier, l’Assemblée du sport veut « redéfinir le modèle sportif français », sur fond de « culture d’entreprise » et « de la gagne ». Mais, de quel sport parle-t-on ? Du sport pro ou du sport pour tous ? Cette nouvelle institution de trente membres ne compte que cinq composantes : le ministère, le Comité national olympique et sportif français (Cnosf), le patronat, les collectivités territoriales et la « société civile », incarnée dans une liste de bric et de broc dont l’ambition semble limitée à un effet d’annonce. Et si le président du Cnosf, Denis Masseglia, invite « à dépasser les clivages politiques », quoi de mieux alors que d’exclure les syndicats susceptibles de « polluer les débats » selon le mot même du secrétaire général du Comité olympique ? Entrepreneurs, décideurs et financeurs privilégiés : où est la « démocratie participative » souhaitée par la ministre lors de la présentation de ses vœux à la presse ? Au-delà de la politique de réduction des coûts, on constate une réorientation globale des priorités en matière de sport dans notre pays, avec un démembrement du service public au profit d’un « sport business », financé par le mécénat mercantile des grandes entreprises et illustré par la récente déclaration d’Arnaud Lagardère, promoteur du sport paillettes dans l’Hexagone : « Ce que je fais, ce n’est pas du mécénat, c’est un business à part entière. » Bref, la dimension économique du sport s’est ainsi renforcée, avec de nouveaux acteurs de l’audiovisuel et du sponsoring, accélérant l’essor du spectacle sportif, la seule finalité qui apparemment vaille. L’accord signé le 28 mai 2010 entre le Cnosf et le Medef prônait d’ailleurs « l’accroissement des relations entre le monde sportif et les acteurs du monde économique ». Le Medef, présent dans tous les ateliers de l’Assemblée du sport, ne contribue pourtant qu’à une portion congrue du financement du sport, contre plus de 70 % pour les collectivités et les ménages. Pourtant, le président du tout nouveau comité du sport du Medef, Philippe Joffard, siège déjà par représentante interposée au conseil d’administration de l’Insep, vaisseau amiral du sport français en voie de privatisation. Conclusion, le dessein semble clair : après la suppression des directions départementales de la jeunesse et des sports et la fusion des directions régionales, les établissements de formation (Insep et Creps principalement) vont être de plus en plus liés au sport de haut niveau. La question de solidarité Résultat des courses, le sport pour tous sera confié aux collectivités territoriales, devenues avec la décentralisation les premiers financeurs publics du sport (80 % des équipements sont sous leur coupe) alors même que cette réforme les asphyxie. Le projet d’autonomie des ligues pros vis-à-vis des fédérations signera la fin de la solidarité entre amateurs et professionnels. Enfin à terme, un possible remplacement 
du ministère des Sports par une « agence », avec le Cnosf comme « ministère bis ». Conforme aux souhaits de la ministre, cette structure lui survivra sûrement.

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le 21 avril 2011

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