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les conditions de la réussite des Jeux du 21e siècle

Les conditions de la réussite des jeux du 21e siècle

Conseil du 12e arrondissement du 30 mars 2015
Intervention de Nicolas Bonnet Oulaldj sur la candidature de Paris aux Jeux Olympiques 2024

Nous voterons pour ce vœu, mais sous condition d’amendements qui l’enrichissent d’ici le conseil de Paris. Pour nous l’alternative ne se situe pas entre une approbation sans critique et un refus sans nuance.
Comme une majorité de nos concitoyens, nous sommes favorables à l'organisation des Jeux dans notre pays. Mais nous sommes lucides.

Depuis leur création, les JO cristallisent beaucoup de questions.
Dans la longue histoire des jeux, il y a toujours eu des débats vifs et des bagarres idéologiques : des campagnes de promotion, de boycott, d'instrumentalisation politique. Nous connaissons bien l’exemple récent de Pékin, dont le parcours de la flamme a été perturbé, ici même à Paris, et nous pensons également à la dernière édition de Sotchi.
Des critiques justes montent sur les conditions d'attribution des villes hôtes : non-respect des droits de l’Homme et de l’environnement, investissements inconsidérés et sans lien direct avec les besoins des populations, dérogations fiscales, lobbying et soupçons de corruption, dopage, création d’un périmètre ultra sécurisé, la destruction des anciens quartiers et déplacements des populations... la liste est longue.
Aujourd’hui, les principales critiques portent sur de grands projets inutiles, coûteux, ne profitant pas aux populations. L'exemple d’Athènes est là pour le rappeler. La question même de transformer en profondeur l’olympisme – qui ne fait qu’épouser la mondialisation économique – doit être posée.
En ce sens, le nouveau président du CIO Thomas Bach a déclaré, en décembre 2014, que : « le CIO devait être lui-même porteur du changement, sous peine d’y être contraint par les critiques, les manifestations d’hostilité des populations et le désistement des villes tentées par une candidature ».
D’ailleurs, aujourd’hui Boston doute de se lancer dans l’aventure.

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Nous devons prendre en compte toutes ces critiques sur les éditions précédentes pour en faire des exigences populaires et les conditions de la réussite de jeux du 21e siècle.
La population doit s’exprimer sur des exigences concrètes, notamment en termes de démocratisation des pratiques sportives, d’équipements et de financement du sport.

Par le débat, nous devons contribuer à une prise de conscience, non seulement sur les dérives liées aux grands événements sportifs, mais aussi sur notre capacité à pouvoir les changer en utilisant tous les leviers.
Pour cela, nous vous proposons de créer « des comités populaires pour la réussite des Jeux Olympiques et Paralympiques » afin de porter les exigences et les recommandations de la population.

Comme un grand nombre de français, nous souhaitons libérer le sport de sa marchandisation et reconquérir l'idéal olympique sur la base de valeurs de solidarité, de paix et d'éducation entre les peuples, à l'opposé du "sport business".
Pour cela, le projet de candidature doit répondre à deux questions préalables : des Jeux pourquoi ? Pour qui ?

Pourquoi organiser des Jeux dans un contexte économique d’austérité ?
Le débat sur la candidature des JO est d'abord un débat économique, notamment sur la grande question du coût.
L’investissement de plusieurs milliards d’euros dans l’accueil des JO est incompatible avec une politique de réduction des dépenses publiques qui impacte les collectivités territoriales et menace le sport français avec à l’horizon la disparition du service public du sport.
Anne Hidalgo a elle-même écrit au Président de la République pour insister sur les conséquences de la baisse des dotations et que la candidature ne peut se faire au détriment de nos engagements de campagne. Nous ne pouvons pas faire une grande déclaration d’amour au sport et par ailleurs généraliser le travail du dimanche qui réduit le temps de loisirs d’une partie de la population. Aussi, la ville de Paris connaît depuis plus d’un an, un mouvement de grève sur ses installations sportives, sans issue à ce jour, la ville allant jusqu’à avoir recours à des agents vacataires, menaçant même de passer la gestion de ces équipement en délégation de service public. On ne peut pas vouloir des JO à Paris et en même temps, mettre en danger le service public du sport.

D’un autre côté, Il ne faut pas se tromper, l’idée d’une candidature « low-cost », défendue par ceux qui ne veulent pas mettre un centime dans l'accueil des JO, ne serait rien d’autre que la continuité d’une politique d’austérité.
La question du coût des JO doit être appréhendée autrement, sur l'efficacité de l'investissement public et l'héritage laissé aux populations. La candidature aux JO est l'occasion d’inverser la politique économique, insuffler une relance par l’investissement en lien avec les besoins des populations et nos engagements de campagne : Logement, transport, emploi, développement des équipements sportifs de proximité ou encore accessibilité pour les personnes à mobilité réduite.

Les JO peuvent être un accélérateur pour l’emploi et l’aménagement des territoires déshérités. La priorité du projet doit être l’héritage, à savoir la transformation du village olympique en logement social ou étudiant, le développement des installations sportives de proximité, des transports qui répondent à nos engagements de campagne et aux besoins des populations.

Pour cela, L'Etat doit s'engager dans un plan de financement ambitieux.
Aujourd’hui le budget national consacré au sport est ridicule : 0,14% ! Les JO sont l’occasion de relancer le débat sur le financement du sport.
Une loi olympique pourrait parfaire la description de notre mobilisation sur la place du sport en France et les conditions de son financement. En cas d'échec d'une candidature, les engagements pour l'aménagement du territoire, le transport, le logement et les équipements sportifs doivent être maintenus. Ça a été le cas de la candidature 2012, qui a permis la réalisation du vélodrome de St Quentin, de la base nautique de Vaires-sur-Marne par la Région et l'Etat.
La ville doit saisir le gouvernement sur un plan de financement sur les 9 ans à venir pour le développement et la démocratisation des pratiques sportives dans le cadre de ce que l’on pourrait qualifier d’une « Loi Olympique ».
Si la ville de Paris est candidate, elle doit le faire dans un esprit de coopération et de solidarité avec les collectivités de la proche couronne parisienne. La gouvernance doit être partagée avec les territoires concernés et les différents acteurs économiques et sociaux, et non resserrée autour de la Maire de Paris comme s’est indiqué dans le vœu.

Enfin : des jeux pour qui ?

Je l’ai déjà dit, les jeux doivent être pensés pour les populations, mais organiser les jeux c’est pour le plaisir du sport, c’est réunir des milliers d’athlètes sur nos territoires, c’est assister à des spectacles magnifiques. Au moment où la situation internationale est marquée par de nombreux conflits mettant en péril l’avenir de l’humanité, la relation entre les peuples est de première importance. La candidature de Paris aux JO nous permettrait d’insuffler, notamment pour les futures générations, une culture de paix, une dynamique vertueuse où les « Jeux » se conjuguent avec des valeurs universelles de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité.

Les jeux doivent être l’occasion d’organiser un plan spécifique durant les quatre ans de l’olympiade à destination des jeunes écoliers et étudiants pour développer l’éducation physique et sportive et l’accès de toutes et tous au sport.
Les jeux du 21
e siècle doivent être le nécessaire outil d’un rattrapage des territoires abandonnés en associant les populations locales, d’une aide au sport à l’école, d’un soutien plus grand au bénévolat, au sport féminin et au sport adapté. Voilà comment Paris pourrait être un souffle nouveau pour l’olympisme. 

 

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les conditions de la réussite des Jeux du 21e siècle

Par Nicolas Bonnet, le 31 mars 2015

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